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Le Revenu d'Autonomie Pour Tous

Parmi les chefs d'oeuvre de la bêtise humaine, la précarisation de la majorité de l'humanité dans un contexte d'abondance économique (spéciale dédicace à Jean-Pierre Gaillard) rivalise avec le trou dans la couche d'ozone. Il y a donc urgence à remettre l'économie dans le champ politique, non par une taxation accrue des actifs mais par une réorientation des richesses vers les citoyens. Et puisqu'en ces temps de chômage tou-te-s n'ont plus droit à un emploi, il est temps de faire en sorte que tou-te-s aient droit à un revenu, avec ou sans travail.

 

Le RAPT c'est quoi ?

 

Nous proposons de créer un Revenu d'Autonomie Pour Tous accordé :
- sur une base individuelle
- à partir de 18 ans.
- sous condition de faibles ressources (comme le RMI) et de déclaration fiscale autonome.
- d'un montant de 4000F, avec des possibilités de cumul pour ouvrir le retour à un emploi par le biais du temps partiel

Par rapport au RMI : plus d'obligation de chercher du travail, plus d'interdiction d'étudier, un âge minimum abaissé, un montant vraiment décent. C'est peu mais ça change beaucoup de choses...

C'est évidemment un changement indispensable pour les jeunes : vivre, et plus encore démarrer dans la vie, demande sans cesse la garantie de cette petite base non négociable - comme l'est le droit de survivre -, base à partir de laquelle l'individu peut déterminer son projet d'existence. Or les jeunes, les plus touchés par le chômage avant même d'avoir cotisé à l'Unedic, et qui remplissent les files d'attente de l'Armée du Salut, sont interdits de RMI jusqu'à 25 ans !

Préoccupée à survivre, une jeunesse vit au jour le jour, ne se construit pas, ne fait pas bénéficier la société de ses richesses.

Le RAPT est aussi un moyen de libération des femmes, premières victimes de l'emploi à temps partiel imposé. Parce qu'il donne un espace de liberté à celles et ceux qui sont confronté au travail précaire ou sous-payé, le RAPT favorisera une revalorisation des bas salaires. Et comme dans les luttes féministes, il remet la famille au coeur du débat politique : accordé à une personne, quelle que soient ses relations, il la rend autonome des pressions de la famille.

Le RAPT, c'est encore démocratiser vraiment les études et la formation tout au long de la vie. Alors qu'aujourd'hui, RMI et allocations dégressives des Assedic sont incompatibles avec la poursuite d'études, que les bourses, misérables, tombent avec trois mois de retard chaque année, et que 100 000 étudiants en France vivent en dessous du seuil de pauvreté, le RAPT donne enfin les moyens d'un nouveau départ pour celui ou celle qui décide de reprendre à zéro des études. Fini le Deug MacDo !

Il s'agit ainsi de reconnaître l'utilité d'un temps choisi, à tout moment de la vie : années sabbatiques, périodes de formation... Le RAPT accompagne et renforce le partage du temps de travail. Il ne doit pas être perçu comme un acte de charité, mais comme une redistribution de la richesse en phase avec la mutation du travail en cours.

Avec le RAPT, un autre mode de vie devient possible : avoir du temps libre, pour s'investir où bon nous semble. Ce revenu là ne permet pas de flamber, mais il permet de vivre heureux, chichement. Une "société de l'activité" ne demande qu'à naître; associations citoyennes, activités bénévoles, échanges de savoirs et économie solidaire la préfigurent déjà. Le RAPT lui donnera son essor.

Finalement, c'est un vrai gain pour tou-te-s : parce que le RAPT permet enfin de se libérer de la peur panique du chômage, de savoir que la société assumera quoi qu'il arrive son devoir de solidarité. Plus autonomes, nous pourrons enfin nous rappeler que l'emploi n'est pas une fin en soi : les emplois servent à créer aussi bien des bombes que des yaourts, à vendre des frigos aux esquimaux ou à faire le clown pour que les sourires n'appartiennent pas à la préhistoire, à polluer ou à dépolluer... bref à rendre la vie meilleure ou pire. Il faut travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler !

 

Quelques objections...

Donner un revenu sans contrepartie, c'est créer une mentalité d'assistés :

C'est refuser le droit à un revenu qui favorise l'assistanat. Les citoyen-ne-s en situation précaire n'ont en effet plus d'autre recours, l'accès à l'emploi étant bouché, que de faire appel à l'assistance : de leur famille, des associations caritatives, des aides sociales diverses, voire des mafieux de tous poils. Le fait que notre société oublie la solidarité fait le jeu d'une logique d'assistance.

 

Mais peut-on donner un revenu sans s'assurer d'un parcours d'insertion, d'un projet... ?

Comment peut-on élaborer un projet quand le revenu manque ? Quand les besoins premiers ne sont pas satisfaits, toute démarche s'inscrivant dans le long terme devient hors de portée.

 

Le revenu d'autonomie sera l'argent de poche des gosses de riches et des bougeoises au foyer

Faux ! Etant donné l'exigence d'une déclaration fiscale autonome, le montant de ce revenu a bien peu de chances, dans les milieux favorisés, d'être attractif. En effet, le demander obligera à perdre le bénéfice d'au moins une part fiscale, et des allocations familiales.

 

Ca coûte trop cher !

Faux ! Le chiffre de 70 milliards pour augmenter tous les minima sociaux de 1500 F et accorder le RMI aux moins de 25 ans a été donné par Jospin lors du mouvement des chômeurs de 97-98. Environ 70 milliards, le rétablissement des tranches supérieures de l'impôts sur le revenu y suffit. Le budget de l'Etat est de l'ordre de 1500 milliards, et on gaspille plus d'argent dans des " aides à l'emploi " inefficaces qui finissent dans les poches des patrons. La deuxième loi Aubry fait ainsi un cadeau fiscal de 110 milliards aux entreprises, sans contrepartie !

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